Bonjour Alexandre, pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter ainsi que votre métier ?
Bonjour, je me présente, Alexandre Leboutet, webmestre du château de Chambord depuis 2015. Mon métier consiste à intervenir sur toute la partie qui concerne le web, c'est-à-dire les réseaux sociaux, le site internet, la billetterie en ligne, la boutique en ligne et tout ce qui touche de près ou de loin à ce domaine.
La crise sanitaire actuelle a-t-elle impacté votre façon de travailler ? Si oui, comment ?
Je ne sais pas vraiment si on peut parler d'impact sur la façon de travailler. L'avantage du digital et du web est que nous pouvons télétravailler facilement.
En revanche, la complexité se situe au niveau de la création de contenu, car le château n'étant pas ouvert, la façon de communiquer est alors réinventée par rapport à la communication traditionnelle.
De plus, il y a eu un gros changement car le nombre de personnes sur les réseaux sociaux a explosé. Les touristes, ne pouvant pas se rendre dans les châteaux, ont alors comme seule source de loisir le digital. Il faut gérer cette grande augmentation, avec des flux 7 à 10 fois supérieurs que les années précédentes.
Les gens attendent avec impatience la réouverture du château et sont donc plus fidèles.
Ils sont nombreux à attendre nos posts pour pouvoir découvrir de nouvelles choses, car le contenu a finalement été renouvelé grâce au confinement.
Le digital ne compense pas la perte financière du château bien entendu, c'est pour cela que la mise en place d'une boutique en ligne va jouer un rôle important. Il n'y a plus de vente de billets pour le château, mais cela nous permet de toucher un nouveau type de public, plus jeune.
Les gens savent également qu'ils ne pourront pas forcément voyager dans les mois à venir, et cela permet au patrimoine français de regagner ses lettres de noblesse.
Comment avez-vous fait évoluer vos contenus sur les réseaux sociaux ?
Pendant très longtemps, mais peut-être moins ces derniers mois, nous avons essayé de coller à l'actualité, notamment en suivant les sujets du moment : par exemple, en suivant les # spécifiques lors du premier confinement.
L'idée était de proposer chaque jour du contenu que les gens pouvaient consommer sur le site internet ou les réseaux sociaux : des jeux à imprimer ou encore des contenus pédagogiques pour compenser la fermeture des écoles.
Depuis la deuxième fermeture, nous nous intéressons plutôt à un contenu « coulisses », pour présenter certains aspects du château et montrer qu'on se prépare à la future réouverture.
Avez-vous un exemple précis d’action mise en place pour vous adapter à cette nouvelle situation ?
Nous communiquons plus sur Chambord, en montrant des pièces ou les coulisses qui ne sont habituellement pas mentionnés, par manque de temps. Le confinement a également créé cette nouvelle demande de la part du public.
Comme exemple précis, nous avons commencé à faire des visites guidées de quelques minutes diffusées sur nos réseaux sociaux. Pendant 5 à 10 minutes, un guide va expliquer une période de l'histoire, une pièce du château ou un environnement de Chambord face caméra. Une visite en ligne que les gens peuvent suivre en direct.
Quel conseil donneriez-vous à un collègue/confrère ?
Le conseil que je pourrais donner est qu'effectivement, même si ce n'est pas toujours facile de trouver de nouveaux contenus, c'est une période phare pour communiquer. Malgré la situation peu enviable pour les monuments, il ne faut pas abandonner. Les gens sont demandeurs et seront là lors de la réouverture des monuments. Cela attire également de nouvelles personnes, qui viendront visiter les monuments à leur réouverture car elles ont appris à le découvrir grâce au digital.
Un conseil : continuer les efforts de communication sur le digital et communiquer positivement sur les réseaux sociaux. L'idée est d'aider les internautes à s'évader ainsi qu'à voyager à travers le contenu, et partager de jolies photos positives plutôt que de rappeler cette période compliquée...