Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous parler de vos missions à l'abbaye royale de La Réau ?
Bonjour, je m'appelle Marie-Christine Domange-Lefebvre, je suis chargée du projet de réhabilitation de l’abbaye royale de La Réau.
Alain de Saint-Léger et moi-même avons racheté l’abbaye en 2019, suite à une visite coup de cœur, alors même que nous ne connaissions pas le lieu. Nous souhaitions coûte que coûte sauver ce patrimoine historique exceptionnel qui n’a quasiment pas changé depuis la Révolution.
Quelle est l'histoire de ce monument ? Qu'est-ce qui le rend unique ?
Ce site religieux a été construit au XIIe siècle par une communauté de moines augustiniens sous la protection d’Aliénor d’Aquitaine.
Du XIIe siècle jusqu’au XIVe siècle, première ère de prospérité, il s’agissait d’un lieu au fort rayonnement. Durant la guerre de Cent Ans, elle fut incendiée par les Anglais. C'est cet événement qui marqua le début du déclin.
L’abbaye fut ensuite fortifiée puis connut une seconde ère de prospérité, grâce au prieur de La Rochefoucauld qui œuvra en ce sens. À la Révolution, elle sera vendue comme bien national et sera rachetée vers 1824 par une famille privée, les du Verrier de Boulzac, dont les descendants vont acter l’abbaye jusqu’en 1990.
Entre 1824 et notre rachat, il n’y a quasiment pas eu de travaux, hormis une restauration du chai dans les années 1990 par la famille Durif. Il y a donc tout à faire pour lui redonner sa beauté d'antan. Après de multiples procédures avec la DRAC, nous avons obtenu l’autorisation de remettre un toit sur la nef, mais pas encore sur le transept : nous ne disposons pas encore des documents historiques nécessaires pour déterminer avec certitude son aspect historique.
Quels sont les projets pour redonner un second souffle à cette abbaye meurtrie par l'histoire ?
François Eygun a mené nombre de recherches historiques sur l’abbaye. Originaire du département viennois, il a publié en 1937 un ouvrage extrêmement documenté qui fait référence à l’abbaye royale de La Réau. C’est à peu près la seule source de documentation dont nous disposons. Elle est donc précieuse, mais ne nous donne pas toutes les clés de compréhension.
Nous avons donc missionné une historienne de l’art pour qu’elle mène des recherches plus poussées. Elle doit recueillir un maximum d’informations sur l’abbaye en se rendant notamment dans les archives diocésaines.
La DRAC a également souhaité que nous conduisions un chantier de fouilles. Celui-ci doit durer un mois et pourrait permettre de dénicher des éléments capitaux pour la compréhension de l'histoire et de l'architecture passée de l'abbaye.
Quand nous sommes arrivés, nous avons donc rapidement mis en application plusieurs de nos idées :
- Remettre un toit sur l’abbatiale pour en faire un lieu de culture.
- Restaurer la grange dimière pour qu'elle puisse être privatisée avec des séminaires, des mariages...
- Réaménager progressivement les cellules monacales pour en faire des hébergements insolites. L'abbaye dispose de 15 cellules au total. Aujourd'hui, deux sont habitables.
- Nous allons mettre aux normes l’assainissement.
- Nous allons aussi remettre un toit sur le bâtiment conventuel, qui couvre une très grande superficie. Nous avons d'ailleurs pu financer ce projet grâce à une subvention votée au loto du patrimoine Stéphane Bern.
Nous allons également mener un important travail pour les jardins en y élaborant notamment un parc arboré. L'idée est de créer un jardin didactique où nous pourrons accueillir nos publics et leur prodiguer diverses connaissances autour de la nature et de la permaculture notamment. Nous souhaitons créer un lieu d'harmonie pour tous ces enseignements.
Si nos publics font l’effort de venir à l’abbaye, alors ce voyage prendra tout son sens. Ils se retrouveront déconnectés.
Nous nous attachons dès à présent à mener à bien ces projets et à enrichir notre programmation pour 2021.