Bonjour, pouvez-vous vous présenter ? Quelles sont vos missions au château d'Ussé ?
Bonjour, je m’appelle Casimir de Blacas, je suis le propriétaire du château d’Ussé. Ici, les missions sont diverses.
Premièrement, il y a l’entretien du monument pour pouvoir le transmettre aux générations futures.
Deuxièmement, il faut le faire connaître. Il serait dommage d’avoir un tel château et de ne pas pouvoir en faire profiter autrui.
Nous essayons de faire le meilleur travail de communication possible. Je dis « nous », car ma famille m’aide beaucoup.
Enfin, accueillir au mieux les touristes qui nous font l’honneur de nous rendre visite fait également partie des missions. Eux aussi apportent leur contribution à l’entretien du lieu.
Le château d'Ussé est avant tout une grande histoire de famille. Pouvez-nous la conter ?
Le château provient du duc et de la duchesse de Duras, qui ont eu une fille, la comtesse de La Rochejaquelein. Elle n'eut pas de descendance, mais son petit-neveu est mon arrière-arrière-grand-père, le comte de Blacas, dont j'ai hérité du château. Je suis le cinquième propriétaire.
Ussé est passé entre les mains de divers propriétaires, mais la dernière cession a eu lieu au début du XIXe siècle, lors de l'acquisition par les Duras.
Depuis, il n’a fait l’objet d’aucune vente, contrairement à beaucoup d’autres. Nous espérons que la transmission de génération en génération perdurera encore longtemps.
Ussé a beaucoup évolué à travers les siècles : tantôt défensif, tantôt demeure de plaisance, son architecture a suivi cette tendance. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ussé présente toutes les époques architecturales. L’histoire commence au XIe siècle, avec les Vikings qui remontent la Loire. Il faut un lieu fortifié pour assurer la défense des terres. La première forteresse en pierre et en bois est alors dressée pour protéger les habitants du village en cas d’incursion.
Les siècles passent et le château devient une place forte. Il va peu à peu perdre de son importance militaire et les changements de propriétaire vont progressivement le transformer en demeure de plaisance. Chacun apportera sa petite touche personnelle pour le rendre de plus en plus agréable à vivre.
Si le visiteur souhaite avoir un aperçu de toutes les époques architecturales de France, il peut nous rendre visite !
Le château a accueilli nombre de personnalités historiques. Nous pouvons citer Vauban ou Chateaubriand. De quelle manière ont-ils influencé la vie du monument ?
La fille de Vauban a épousé le fils du marquis de Valentinay, qui était alors le propriétaire d’Ussé. Vauban a donc fait de fréquents séjours dans le château et a apporté des améliorations architecturales que les visiteurs peuvent aujourd’hui admirer. Nous pouvons notamment citer les terrasses qui descendent jusqu’à l’Indre. Il a également construit un bastion au départ du château et a probablement dû apporter des améliorations également moins visibles.
Perrault est probablement la personnalité la plus importante d’Ussé. Celui-ci a eu l’inspiration de la Belle au bois dormant lors de ses séjours. Il avait une maison non loin d’ici. Certains de ses écrits racontent justement les passages au château. Le monument étant adossé à la forêt domaniale de Chinon, nous comprenons aisément que l'écrivain ait été inspiré.
Chateaubriand a rendu de nombreuses visites à la duchesse de Duras. Nous possédons notamment un certain nombre de lettres de leurs échanges. En 1805, il lui a notamment offert deux cèdres du Liban. Ceux-ci sont toujours visibles à côté de la chapelle.
Louis XIV a également fait une halte à Ussé avant de poursuivre son voyage vers Nantes, où il se rendait au procès de Fouquet, surintendant des finances.
Enfin, deux autres personnes nous ont fait l'honneur de leur visite : la reine d’Angleterre Elizabeth Bowes-Lyon, mais aussi Haïlé Sélassié Ier, dernier empereur d’Éthiopie qui, pour l'anecdote, est l'ultime monarque à avoir profité de la chambre royale.
Le château accueille également des expositions annuelles. Pouvez-vous nous en dire plus sur celle de 2020 ?
Cette année, le château accueille une exposition dédiée à la mode « champignon » ou l'époque du Titanic.
Il y a deux approches à cette exposition.
La première est la présentation de costumes exceptionnels.
La seconde est l’animation. Nous essayons de reproduire une certaine atmosphère, de faire rêver nos visiteurs à l’aide de ces tenues remarquablement conservées. Il devient alors plus facile d’imaginer certaines scènes de la vie du château à l’époque.
Bien souvent, les expositions forment une harmonie parfaite avec le mobilier d’époque, qui figurait déjà dans les anciens inventaires.
Entre les jardins, l'extraordinaire chapelle, les intérieurs raffinés, difficile de ne pas apprécier Ussé. Justement qu'est-ce qui plaît tant aux visiteurs, selon vous ?
Vous avez raison de souligner le caractère extraordinaire de cette chapelle. De par sa qualité et sa dimension, celle-ci indique la richesse et la puissance de la famille d’Espinay à l’époque. Il fallait bénéficier d'une place significative à la cour pour obtenir la permission de construire tel édifice.
Celui-ci est d’une pureté architecturale rare. La chapelle n’a subi quasiment aucune modification depuis sa construction. Par ailleurs, elle est consacrée, des cérémonies religieuses s’y déroulent parfois.
Pour en revenir au château, les visiteurs apprécient l’espace et les jardins. Nos premiers touristes manifestaient un intérêt secondaire aux intérieurs. Ils voulaient surtout pouvoir marcher, profiter des pelouses, des fleurs, pouvoir se reconnecter avec la nature.
Aujourd'hui, cette vision s’est quelque peu estompée et les intérieurs retrouvent une place dans leur cœur, notamment du côté des enfants, avec la Belle au bois dormant et les jeux que nous organisons.
Si l’enfant a bien rempli le questionnaire que nous lui distribuons, il obtient un diplôme et une récompense. Les contes de Perrault plaisent énormément.
Les adultes eux sont surtout fascinés par les souvenirs d’époques révolues.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Mon dernier propos sera de renouveler le plaisir que j’ai à accueillir nos touristes, de voir leur émerveillement. Leurs compliments me vont droit au cœur.
À Ussé, nous sommes malheureusement obligés de fermer l’hiver. Quand le dernier touriste nous quitte en novembre, je suis triste. Le château est fait pour vivre, alors, lorsque nous rouvrons en février, c'est le printemps qui revient, la vie avec !