Bonjour, pouvez-vous vous présenter ? Que faites-vous au sein du château du Clos Lucé ?
Bonjour, je m'appelle François Saint Bris, je suis président de la société du château du Clos Lucé, connu comme étant la dernière demeure de Léonard de Vinci. Le monument est ouvert au public depuis 1954. Désormais, cela fait quinze ans que je dirige le château.
Quelle est la relation de la famille Saint Bris vis-à-vis du Clos Lucé ?
Nous sommes une famille nombreuse. Mon père et ma mère ont beaucoup œuvré pour le château, notamment pour sa restauration, afin de faire connaître cette maison au plus grand nombre lors de l'ouverture. Aujourd’hui, notre mission familiale est de transmettre l’héritage, la mémoire et la connaissance de Léonard de Vinci et d’en faire le premier lieu de synthèse européen sur sa personne et le phénomène civilisateur de la Renaissance.
Le premier lieu de synthèse européen sur sa personne et le phénomène civilisateur de la Renaissance.
Quelle est l’organisation au sein du château ?
Nous sommes accompagnés d’une équipe qui a développé des compétences dans différents secteurs d’activité : l'accueil du public, la médiation, la vente en boutique, la restauration, la communication, les réseaux sociaux, le commercial et le pédagogique. Nous avons la chance d’accueillir 55 000 enfants scolarisés par an. Quant aux visiteurs, nous avons eu la chance d’en accueillir 520 000 en 2019.
Outre la vie de Léonard de Vinci, le château du Clos Lucé est aussi le témoignage de cet art de vivre typique de la Renaissance. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous sommes un lieu de divertissement, d’apprentissage et d’ouverture pour mieux connaître l’histoire de France. Nous avons notamment développé des ateliers très prisés par les scolaires, sur des thématiques scientifiques et techniques, sur la nature et l’environnement.
Nous proposons également des ateliers de cuisine, de danse, de peinture et de calligraphie Renaissance.
Pour en revenir à Léonard, il captait à la perfection l’élégance de son époque. Lui-même était très grand, il mesurait 1,85 m. Il était toujours paré d'atours remarquables, il avait beaucoup d’humour et il jouait également de la musique.
Le Clos Lucé est un lieu de légitimité importante, on ne connaît pas d’autres maisons où a habité Léonard, hormis sa maison d’enfance à Vinci.
Au Clos Lucé, vous avez fait le choix d’utiliser des technologies modernes pour retranscrire tout le savoir de Léonard de Vinci. Est-ce une volonté d’inscrire le château dans le futur ?
Certes, le Clos Lucé est un lieu de mémoire, mais aussi un château pour le futur. Ici, nous utilisons les nouvelles technologies afin de faire la médiation entre Léonard de Vinci, ses inventions et le public. Nous avons des animations 3D et des hologrammes. Bientôt, nous ouvrirons un nouvel espace muséal sur deux niveaux.
Au premier niveau, nous ferons la connaissance de Léonard peintre avec une galerie virtuelle, en immersion totale auprès des dix-sept chefs-d’œuvre qui sont aujourd’hui dispersés à travers le monde.
Au deuxième niveau, nous développerons tout l’attrait de Léonard de Vinci pour les mathématiques, la géométrie et l’architecture. Il était aussi un grand organisateur de fêtes. C’est donc ce que nous allons montrer aux visiteurs par le biais de maquettes et de tables digitales.
Tout ceci sera présenté dans un bâtiment industriel avec une très belle charpente dite Eiffel. Nous gardons l’esprit du lieu tout en le projetant dans l'esprit créatif de Léonard.
Nous parlons beaucoup du château. Qu’en est-il des jardins qui semblent jouer un rôle crucial ?
Le Clos Lucé est une maison d’artistes, un lieu de mémoire, mais c’est aussi un grand parc naturel de 7 ha : nous l’appelons le parc Leonardo da Vinci. On peut y visiter de nombreux jardins, dont celui où nous avons planté 30 espèces dessinées par Léonard dans ses croquis, dessins et tableaux.
C’est un parc où l’on peut actionner des machines à taille réelle, où l’on peut également franchir des ponts divers et variés : à deux niveaux, tournant, le pont qui devait relier les deux rives du Bosphore et celui de la Corne d’Or.
On peut aussi y découvrir tout l’univers de l'artiste grâce aux toiles géantes qui accompagnent le visiteur tout au long de sa balade.
C’est un lieu naturel que nous entretenons avec passion dans le souci du développement durable. Nous faisons en sorte que ce parc soit préservé, sans produits phytosanitaires, nous récupérons les eaux usées et pluviales. Tout a une utilité, c’est un cercle vertueux, à l’image finalement de Léonard de Vinci, qui pensait que la nature avait son propre rôle. Il disait que chaque arbre, chaque plante, chaque fleur avait un intérêt.
C’est une leçon pour nous à un moment critique de l’humanité. Léonard disait d’ailleurs en trois mots : « Tout est là. »
Un mot pour vos compatriotes ?
Dans cette période de déconfinement, le public français est précieux pour nous. Nous savons que beaucoup de nos compatriotes ne quitteront pas le territoire cette année. En visitant les monuments de notre belle région Centre-Val de Loire, ils participent à la continuité de la transmission de ces lieux de mémoire aux générations futures. Nous avons besoin de leurs visites.