Si les vins, en tout cas ceux que l’on aime, ont la gueule de ceux qui les font, ils épousent aussi les contours des pays où poussent leurs vignes. Leurs contours topographiques, climatiques mais aussi socio-économiques.

Sans compter qu’il faut ajouter à cela des notions de géologie dont la particularité, en autres, est d’affiner la précision des vins. D’en ajuster les subtilités pour en tirer la substantifique moelle.

En conséquence de quoi, il est toujours intéressant et jouissif de comprendre, en France, pourquoi un vin du Languedoc ou du Roussillon, au-delà des cépages, ne ressemble en rien à un Vin du Val de Loire, pas plus qu’il ne ressemble à un vin de Bourgogne, lui-même à mille lieues d’un cru du Bordelais. Les blancs alsaciens chantant par ailleurs leurs partitions, nourris des failles du massif vosgien pour affirmer toute leur personnalité dans de magnifiques rieslings notamment. Il est instructif également de  comprendre pourquoi les vins étrangers s’inscrivent dans les canons de leurs pays.

Autant de voyages dans de simples bouteilles dont la plupart n’emprunte rien à la folie des grandeurs de la spéculation. Même si c’est de cela dont on parle le plus. Surtout lorsqu’un investisseur chinois vient mettre le nez dans les affaires d’un château bordelais ou d’un clos bourguignon, ce qui n’est plus rare aujourd’hui. Et qui le sera sans doute encore beaucoup moins demain.

Si les vins sont aussi différents les uns des autres, et c’est tant mieux, c’est aussi parce que des groupes sociologiques ont choisi à un moment donné d’aller dans une même direction en termes de goût. On sait en effet, par exemple, que nos palais n’acceptent plus de nos jours les acidités d’il y a trente ans. Or, il faut bien que les deux marchés, celui de l’offre et de la demande, se rencontrent pour qu’il y ait une prospérité économique sans laquelle tous les discours ne sont que littérature. Et cela, ça n’est pas une question de mode mais de sociologie. Comme l’est le choix de produire des vins de plus en plus propres, sans que tout le monde soit pour autant sur une approche bio ou biodynamique, mais parce que tout le monde a compris qu’ils sont meilleurs pour la santé, ceci, tant du côté des vignerons que des consommateurs. L’ensemble ne gommant en rien les notions de terroirs. Au contraire. Il permet à toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au vin, de marcher dans le  même sens.

Le résultat aujourd’hui, et c’est tout de même très réjouissant, est qu’on n’a globalement jamais bu d’aussi bons vins, qui correspondent en tout cas aux attentes des consommateurs, dans la diversité des terroirs, des cuvées… et des pays. Et si tout n’atteint pas l’excellence, l’ensemble, en moyenne, a largement progressé. Parce que la société vinicole a validé un choix collectif : celui de la qualité et de la complexité à un moment où une génération passe le relais à une plus jeune, bien formée. Qui a la volonté de continuer à creuser ce sillon.

Et si des progrès restent toujours à effectuer, ce constat se révèle très encourageant !

Jean-Claude BONNAUD
Revue trimestrielle « Le Vin Ligérien »

Crédits Photos : CPGXK (Flickr Commons)

*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

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